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dimanche 7 février 2010

Conférence "Quelle pédagogie pour le parfum?", Paris-Sorbonne, le 01/02/10

Une conférence traitant du langage olfactif a été organisée lundi 1er février à la Sorbonne sous la direction artistique de la musicologue Marie-Anouch Sarkissian.
A cette occasion, Barbara le Portz, fondatrice de la société Fragrance Intelligence, a partagé son expérience, vécue à travers des sociétés de création telles qu'IFF, Quest (aujourd'hui Givaudan) ou Créations aromatiques (aujourd'hui Symrise), et a présenté sa vision des différents langages utilisés pour parler parfum, et de la nécessité de confronter parfois le langage olfactif à d'autres arts.

Mais le langage parfum c'est quoi? Il est vrai que contrairement à d'autres arts, le parfum a peu de mots pour s'exprimer, d'où parfois le besoin d'aller piocher du vocabulaire dans d'autres sphères. Petit topo sur les différents "parler parfums" que l'on peut entendre.
- Le langage 'marque': un langage souvent fait d'analogies et d'images, qui sert de cadre au parfumeur lors d'un brief.
- Le langage du parfumeur: un langage technique, chimique et descriptif, où l'on parle d'aldéhydes ou d'esters.
- Le langage de l'évaluation: un langage qui met en jeu 3 étapes à l'olfaction: la sensation, puis l'appréciation pour enfin se traduire en émotion. 
La sensation pioche des mots du vocabulaire sensoriel, qu'il s'agisse du goût (sucré, pétillant...), du toucher (collant, frais, soyeux...), de la vue (lumineux, sombre, transparent...) ou de l'ouïe (aigu, crissant, dissonant...).
L'appréciation introduit un jugement. Une note exotique va par exemple se référer à une odeur de mangue ou de fruit de la passion pour un Européen, via ses références culturelles.
Enfin, le langage de l'émotion va tout simplement mettre en jeu le ressenti: un parfum de sérénité, énergique, gai, tonique, etc...

Barbara le Portz a également présenté quelques projets de rencontres organisées durant sa carrière, de parfumeurs avec différents artistes, tels que Patrick Veillet (designer ayant récemment créé les packs de la nouvelle gamme corps Angel de Thierry Mugler), Alnoor, Claudine Drai... Une série de rencontres entre parfum et design qui ont fait mûrir des idées nouvelles dans la tête et le nez des parfumeurs, ont attisé leur créativité et ont donné naissance à des notes quelque peu hors du commun. 
De jolis projets qui nécessitent malheureusement un peu de temps... un temps précieux pour le travail des nombreux projets à gérer en parallèle, dans un marché voué aux logiques de la rentabilité. Mais dans un marché saturé comme l'est celui de la parfumerie, n'est-il pas parfois nécessaire de trouver diverses sources d'inspiration pour se renouveler?

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je vous remercie beaucoup de votre article et voudrais juste rajouter une petite chose.

    Le parfum, issu de l'ineffable, se traduit grâce à l'analogie, à l'emprunt de vocabulaires issus des autres arts (musique, peinture, ...). Or, si l'analogie concerne le rapport de deux choses supposées semblables, en quoi le parfum serait-il semblable à la musique ?
    L'idée de la conférence était -entre autre - d'évoquer ces métaphores et ces catachrèses omniprésentes en parfumerie (harmonie, consonances, dissonances, ...) mais aussi d'aller au delà. La métaphore musicale est souvent prise au premier degré en parfumerie : comparer une "gamme musicale" et "une gamme olfactive" ne veut rien dire hors contexte car vocabulaire commun ne veut pas forcément dire signification commune. A ce propos, j'ai tenté de montrer que l'esthétique d'Edmond Roudnitska s'est justement formée à partir d'une rupture avec le vocabulaire musical. En effet, développer une esthétique du parfum nécessite de ne pas considérer les odeurs à travers le seul filtre de la musique mais au contraire de réinscrire le parfum dans son contexte propre, distincte de la musique ou de la peinture.

    Bien cordialement,

    Marie-Anouch S.

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